Ellen & Alien

Par Aurélien Lemant

Alien, le retour (1986) de James Cameron.

Alien, le retour (1986) de James Cameron.

La tétralogie Alien (Brandywine/20th Century Fox, 1979-97) est la plus féministe des sagas de science-fiction pour plusieurs raisons. La première qui vient à l’esprit est la présence d’une femme dans un rôle d’ordinaire réservé aux seuls hommes, des Harrison Ford et des Sylvester Stallone, pilotes de vaisseaux spatiaux ou commandos armés. Voir la jeune Sigourney Weaver nommée aux Oscars pour sa prestation du deuxième volet est un pas vers l’affirmation des actrices dans des emplois peu communs, et la validation à travers une femme d’un genre, la SF, souvent déconsidéré puisque trop proche du cinéma bis. Savoir que le président de la Fox en personne demanda à ce que son personnage d’Ellen Ripley soit récurrent dans chaque film de la franchise, en tant qu’unique femme-soldat du septième art, est le gage d’un changement de paradigme dans la vision d’un sexe qui n’est dès lors plus du tout faible.

Ajoutons son absence de relations amoureuses alors que Weaver reste sexualisée – quoique parfois dégenrée, par ses tenues militaires ou son crâne rasé de l’opus 3 –, et l’on décoche un regard neuf sur la figure du héros solitaire ou de l’ultime survivant. Autonome et affranchie, Ellen, qu’on appelle surtout Ripley, ne perd rien pour autant de sa féminité, tout en posant tacitement la question : qu’est-ce qui fait qu’un personnage est homme ou femme ? Son rapport particulier à la maternité – elle a une fille sur Terre qu’elle ne reverra pas ; dans l’espace elle déconnectera « Maman », l’ordinateur central de son appareil, afin d’en prendre les commandes – la conduit à mieux saisir le monstre hybride qu’est l’Alien, xénomorphe dont le nom est presque un homonyme du sien, notamment la reine qui n’a nul besoin d’être fécondée pour être fertile, mais chasse des hôtes pour sa progéniture. Le seul couple de la saga est là, dans ces deux entités qui ne sont rien l’une sans l’autre.

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