Des films à sketches à découvrir chez Coin de mire
par Nicolas Tellop
Deux films à découvrir chez l’éditeur vidéo Coin de Mire : Souvenirs perdus de Christian-Jaque (1950) et Brelan d’as de Henri Verneuil (1955)
Souvenirs perdus
Les films à sketches n’ont pas toujours bonne réputation. Les exceptions existent, pourtant, tels que le monstre de l’animation disneyenne, FANTASIA (1940), le chef d’œuvre du fantastique anglais, le fabuleux AU CŒUR DE LA NUIT (1945) ou encore la splendeur du frisson transalpin, le flamboyant LES TROIS VISAGES DE LA PEUR de Mario Bava. Coin de mire exhume deux représentants français du genre, sans doute moins marquants que les trois titres précédemment cités, mais qui méritent tout de même l’attention des cinéphiles. SOUVENIRS PERDUS (Christian-Jaque, 1950) prend comme fil conducteur des objets trouvés, insolites, dont le film raconte l’histoire. L’occasion d’un passage en revue du savoir-faire français de l’époque : un mélancolique conte de Noël nimbé de réalisme poétique, un vaudeville mené tambour battant par l’inimitable Suzy Delair, un conte noir à l’ambiance fascinante porté par le couple fiévreux Gérard Philippe – Danièle Delorme, et une très curieuse fantaisie douce-amère interprétée par le jeune Bertrand Blier. Les auteurs, au rang desquels figurent les écrivains enchanteurs Jacques Prévert et Pierre Véry, immergent le spectateur dans un Paris qui regorge de faux-semblants et de désillusions – encore très marqué par le contexte de l’après-guerre. BRELAN D’AS (Henri Verneuil, 1955) propose quant à lui une variation sur le genre policier en passant en revue trois de ses héros les plus emblématiques : Mr Wens, Lemmy Caution et Maigret (incomparable Michel Simon). Récit à énigme, polar hard-boiled et l’intrigue psychologique et sociale propre à Simenon s’alternent avec gourmandise.